Montpellier : Un mois après, l’incendie marque les esprits à Aumelas

Montpellier : Un mois après, l'incendie marque les esprits à Aumelas

Les 26 et 27 juillet, 950 hectares de végétation sont incendiés, dont la moitié sur la commune d’Aumelas. Un mois plus tard, le traumatisme est toujours vivant.

En venant de Montpellier, la route qui mène à Aumelas serpente à travers des paysages calcinés. Les vignes ont joué leur rôle de pare-feu et n’ont été que peu impactées. La cave du Clos de l’Amandaie, dernier bâtiment avant l’entrée du village, est restée intacte, au grand soulagement de Philippe Peytavy.

La veille, le vigneron avait quitté les lieux sans aucune certitude. « J’ai vu la fumée nous envahir et je suis resté le plus longtemps possible. Mais au final, il n’y avait ni réseau ni électricité »

De retour le lendemain, le vigneron retrouve son outil de travail intact Il faut dire que les pompiers avaient dormi sous l’auvent  ! « De la multitude de petites parcelles que nous avons sur les coteaux, entourées de végétation, une seule a été partiellement touchée. Les radiations ont fait frire quelques souches. Heureusement, nous travaillons le sol pour ne pas laisser d’herbe sèche. »

« Il faudrait des troupeaux sur le plateau »

"Il faudrait des troupeaux sur le plateau"

Plus que l’incendie, c’est la sécheresse qui impacte ce domaine bio de 30 hectares, qui produit notamment sous l’appellation Grés de Montpellier. « Heureusement, une pluie abondante en mai a un peu sauvé notre saison. Il y en a eu une autre en août, plus violente, qui n’a pas vraiment pénétré le sol. La vigne est forte, mais après le gel de l’an dernier, cette sécheresse complique les choses. Il y a aussi des maladies, des sangliers… »

Le risque incendie s’ajoute à tous les autres. « Les chênes kermès font deux mètres de haut car il y a beaucoup moins de troupeaux qu’avant. Il faudrait en mettre sur le plateau, et débroussailler encore plus. Quant aux pins d’Alep, qui sont très inflammables, il n’y en avait pas il y a trente ans… »

Ronny Poncé, maire d’Aumelas : « Cet événement nous a unis »

Qu’en est-il un mois après l’incendie ?

Le feu a transformé nos paysages en un spectacle lunaire. Mais s’il s’est approché très près des maisons, elles n’ont pas brûlé et il n’y a pas eu de blessés. Nous avons évacué près de 200 personnes qui ont pu regagner leur domicile dès le lendemain, grâce à l’engagement de tous ceux qui étaient là. Cela dit, les séquelles psychologiques sont parfois importantes.

Quelle suite allez-vous donner  ?

Nous avons porté plainte, comme les autres communes concernées. Les vignerons aussi. Nous allons intenter une action civile (en raison des dommages causés).

Quelles leçons faut-il en tirer  ?

Il faudra reboiser, replanter, car la nature doit reprendre ses droits. Mais il y aura une réflexion importante sur cette question avec les municipalités et les organismes concernés. Un diagnostic sera fait. Quelles espèces replanter  ? Le chêne kermès, qui sort déjà de terre, est par exemple une végétation peu inflammable.

Ce drame a-t-il renforcé la solidarité  ?

Oui, il y avait une grande entraide entre les habitants. Et nous avons joué très serré entre les maires et les organisations concernées. On sent que cette épreuve a uni tout le monde. Mais même si 100 mm de pluie sont tombés à la mi-août, nous ne sommes pas à l’abri d’un nouvel incendie.

« Le silence total m’a marqué »

Tout en haut du chemin du Mas d’Encoste, à l’entrée d’Aumelas, les flammes courent à flanc de coteau, frôlant les maisons situées en contrebas. Ce 26 juillet, « le ciel était jaune, avec l’écume des canadairs et les cendres tombant du ciel », témoigne Isabelle, qui loue avec sa fille « ce petit coin de paradis » depuis quatre ans.

« Nous avons vu la fumée arriver et les pompiers nous ont alors demandé d’évacuer, poursuit-elle. Mais nous avons une quarantaine d’oiseaux, deux chiens et deux chats  ! Un ami m’a aidé à les mettre dans la voiture et nous sommes partis à 12h30. pour mes parents à Saint-Bauzille-de-la-Sylve. J’avais les larmes aux yeux parce que je n’étais pas sûr de trouver la maison. »

Mais dimanche en début d’après-midi, les habitants ont été autorisés à regagner leur logement. « Lorsque nous sommes rentrés vers 13 heures, c’est le silence total qui m’a marqué. On n’entendait absolument aucun bruit. C’était très anxiogène. En plus, les pompiers étaient de nouveau là pour éteindre un départ de feu. »

Depuis, Isabelle et sa fille ont retrouvé une certaine sérénité. Mais l’anxiété n’est pas complètement partie. « Je n’aurais jamais imaginé que le feu puisse venir si près de la maison, conclut Isabelle. Ma fille a eu très peur et fait encore des cauchemars. »

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